Prep school gangsters

Ou comment les quartiers populaires influenceront toujours le monde

Le 18 mars dernier, Princess Nokia a dévoilé le clip de "No Effort". Doudounes Northface, jeans baggy, Harlem : l'esthétique du clip s'inspire d'un article paru dans le New York Magazine en décembre 1996. Écrit par Nancy Jo Sales, "Prep-School Gangsters" explique l'influence de la culture hip-hop et des quartiers populaires sur la jeunesse dorée new-yorkaise.

La journaliste part à la rencontre d’un crew de jeunes hommes blancs et aisés, qui volent, dealent et agressent. Si leurs actes ne sont ni encouragés ni motivés par la misère, ils sont le fruit du syndrome du mimétisme social. Nés avec toute l'argenterie en or dans la bouche (oui, ce n'est même plus juste la cuillère), ces adolescents se cherchent, et se retrouvent dans les histoires de rue.

En 1996, la rue est racontée par ceux qui la connaissent le mieux. Des monuments de la culture comme "all eyez on me" de 2pac ou encore "It was written" de Nas voient le jour. Argent facile, quotidien de hustler et violences des gangs, les textes transpirent l'authenticité et sont le reflet de la dure réalité d'une Amérique noire et pauvre.

On copie le style des plus pauvres, on consomme leur musique et on mange à leur table, celle du banditisme.Tout cela est rendu possible par ce que l'on appelle le "white privilege". Il définit l'ensemble des avantages sociaux permis par sa condition d'individu blanc. En effet, ces jeunes hommes ne sont jamais inquiétés ni stigmatisés par la police. Quand ils le sont, ils ont le confort des services d'un avocat payé par papa et maman. La vie de voyou, sans les ennuis et le racisme systémique, c'est doux.

Princess Nokia se réapproprie donc la culture de Harlem avec tous les codes qui la composent. Elle reprend et valorise la richesse que l'on créé, parce qu'elle est notre, parce qu'elle est unique. Ce clip et ce titre sont aussi un hommage aux jeunes filles issues des quartiers, qui, encore trop souvent absentes du paysage, participent pourtant à la beauté de notre culture.

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