Le féminisme pour faire joli(e)

Définition d’un CSC

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Le 19 janvier 2024, la jolie garce signait son grand retour avec la sortie de son album Pourvu qu’il pleuve. 3 ans après Antidote, Shay a le remède pour soigner un public à l’agonie. Seulement, “Partie Hier” et revenue aujourd’hui, une nouvelle fois, la féministe ne s’est entourée que d’hommes.

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J’aimerai bien ouvrir des portes et en existant c’est ce que je fais
— Shay, l'interview par Mehdi Maïzi (Le Code)

Briser le plafond de verre, ouvrir la voie, casser les codes, le discours de la rappeuse est bien rodé et s’apparente à une stratégie marketing. On peut parler de Purple Washing ou de Feminism Washing, deux termes qui traduisent un militantisme et un engagement de façade.

Dans les années 2010, quand elle débarque dans le rap français, c’est l’apocalypse. Soutenue par Booba et le 92i, elle crée la surprise dans une industrie où les femmes ne sont bonnes qu’à chanter le refrain. Elle est Shay et sa plume pèse une tonne. Sulfureuse, son image est celle d’une bad bitch. Elle parle indépendance et ambition, liberté et désir, argent et sexe. On dit d’elle qu’elle est la seule, car elle seule bénéficie d’une exposition plein sud. Confortablement installée, l’ensoleillement y est maximal et le rayonnement est tout aussi doux. Shay enchaîne les bangers XCII, 1200, PMW, Thibaut Courtois, Notif ou encore Jolie Go et couvre d’or ses deux premiers albums studios. Un succès commercial qui va de paire avec un succès médiatique. La rappeuse s’exprime, et clame haut et fort son engagement féministe. S’il peut être induit, imposé, ou vivement encouragé par une société qui voit en toutes celles qui osent, des icônes féministes, il est bel et bien là et signifie quelque chose.

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Le règne, le pouvoir, n’arrivent jamais sans responsabilités. Le statut de personnage public implique des choix stratégiques et cohérents. C’est pourquoi, le discours titille, dérange et finit par agacer des consommateurs qui encaissent la déception d’une Shay qui a failli à son but en marquant contre son camp.

Dans l’introduction de son projet, le pic à l’encontre de Vitaa est d’autant plus insoutenable, quand on peine à lister les femmes présentes dans son processus créatif depuis maintenant plus de 10 ans. Shay tire sur ses semblables, et n’est jamais pour elles, un gilet pare-balles.

La féministe parfaite n’existe pas et Shay n’est pas moins féministe qu’une autre. Son traitement et son rapport aux questions d’indépendance financière, de liberté de corps et d’esprits sont le résultat du féminisme. C’est sa vision très auto-centrée qui lui est reprochée, et qui trahit en partie son discours. 3 albums, 0 collaboration féminine, qu’on le veuille ou non ça sonne faux. Ces 10 dernières années, l’industrie a vu naître des artistes féminines et des créatives qui fédèrent grâce à leur talent et l’audace de leurs propositions artistiques. Refuser de les voir, de les nommer, c’est creuser un peu plus l’écart qui existe déjà avec les hommes.

Ainsi, à quoi bon le “girl power”, si donner de la force semble être une faiblesse pour l’orgueil ?

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