How the “bad b*tch” energy makes me feel good about my own

Une exploration de l’ego

Credit photo : Gabriel S. Lopez

Quand ton artiste rap préféré affirme qu'il est le meilleur, c'est de l'égotrip. On appelle égotrip, le fait de faire son propre éloge. Très apprécié dans le rap game, il sert à asseoir ses compétences. Kickeurs et lyricistes se lancent dans des démonstrations de force pour révéler l'étendu de leur talent. Entre narcissisme et vanité, l'exercice n'existe que pour une seule chose : abattre l'ennemi.

On entre alors en compétition avec l'autre, celui qui sur notre propre terrain essaye de nous prendre la balle de la réussite. À coups de punchlines, on affirme sa position et on affronte la concurrence droit dans les yeux. En d'autres termes "Si c'est pas moi, c'est qui ?"

Bien que cet exercice se prête à d'autres genres musicaux, il est parfaitement taillé pour le rap. Cette musique populaire, qui puise ses origines dans les ghettos noirs américains, permet aujourd'hui d'accéder à un certain statut social. "Partis de rien" les artistes racontent donc fièrement la nouvelle vie qui s'offre à eux, eux qui souvent ont connu la pauvreté et les problèmes sociaux. Au sommet de leur pyramide, ils sont comme invincibles et tout est bon pour flamber : voitures, montres, bijoux, villa, relations amoureuses, etc.

En 1994, le magazine "Ego Trip, the arrogant voice of musical truth" voit le jour. Créé par Sacha Jenkins, Elliott Wilson et Jefferson Chairman Mao, le papier est critiqué pour sa frontalité et son arrogance. Parmi ses plus célèbres publications, on retrouve cet entretien avec la légende Notorious B.I.G. quelques semaines avant sa disparition.

Le magazine, lui, disparaîtra en 1998 après 4 ans d'existence.

Chez nos copines les rappeuses, l'égotrip prend une tournure toute particulière. En effet, il s'inscrit presque dans une lutte féministe. Une manière d'en finir avec les stéréotypes de genre qui leur collent à la peau. Le rap exprime leur capacité dans l'adversité. On reprend le pouvoir de nos sentiments, de nos corps et de notre sexualité. Si jusqu'ici le terme b*tch était utilisé de façon péjorative par les hommes pour assouvir leurs désirs de domination, il est maintenant un symbole d'empowerment et d'affirmation.Dans leurs textes, elles s'amusent et laissent place à la bad b*tch energy pour briller et éteindre la concu #period.

Le 23 septembre dernier, Cardi B rejoint GloRilla sur le titre "Tomorrow 2". La prod, l'attitude et les paroles en font une hymne qui résonne dans les têtes et dans les cœurs. Les deux rappeuses sortent les crocs et nous offrent une performance pleine de répartie. Sur le ring, elles affrontent "she/her" : celle qui même en essayant ne leur arrivera jamais à la cheville. Un combat sans merci qui pose néanmoins la question de la sororité. Le dénigrement en chanson d'une femme par une femme, est-il anti-féministe ? (on n'a pas la réponse, on pose juste la question)

Ce titre, et tous ceux dans le même registre, me font du bien et flattent agréablement mon égo. Parfois, souvent, que dis-je TOUS LES JOURS, c'est la musique qui nourrit mon état d'esprit. Cette "ennemie", fictive dans mon cas, n'existe qu'à des fins profondément égocentriques. Je me compare à l'autre, car l'autre est aussi mon miroir. Notre société est justement construite sur la comparaison, qu'elle soit saine ou malsaine, je "suis" parce que l'autre "est".

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